Le rôle et les tâches des parents

La participation des parents à la pratique sportive de leur enfant est essentielle, non seulement quand il s’agit d’initiation mais surtout à long terme. 1

Les tâches des parents d’enfants athlètes sont similaires aux tâches des autres parents : (1) apprendre à gérer et à soutenir les besoins de leurs enfants, (2) gérer leurs propres besoins et leur bien-être en tant que parents et (3) gérer les interactions avec l’environnement sportif. 2 Dans des recherches précédentes, la catégorisation trop simpliste de sous-investissement parental (en faire trop peu) et surinvestissement parental (en faire trop) ne nous a pas permis de mieux comprendre à quoi ressemblerait une implication parentale optimale. 3

Alors, comment pourrait-on la définir ?
L’implication parentale optimale est définie comme un type d’implication qui améliore le plaisir chez les enfants ainsi que leurs performances.4

Est-ce que vous savez que le plaisir que les enfants ressentent dans leur activité est aussi important que leur niveau de performances ?

La malheureuse histoire

Beaucoup de parents n’en sont pas conscients. Ainsi, 4 enfants sur 10 souhaitent abandonner la pratique de leur sport car leurs parents se préoccupent trop de la victoire ou de la défaite.5

Voulons-nous que les enfants abandonnent leur sport à cause de la pression exercée par les parents ? Très probablement pas.

Cet article abordera les comportements qui entravent ou facilitent la participation sportive et qui ont un impact sur le plaisir chez les enfants.

Comportements parentaux qui entravent la pratique sportive des enfants

Le simple fait de regarder votre enfant participer à une compétition peut être une expérience stressante, il est donc tout à fait compréhensible que vous ressentez toutes
sortes d’émotions.6

Malgré votre état émotionnel et vos bonnes intentions, vous devez vous rappeler tout au long de cette aventure que vous n’êtes pas le coach. Par conséquent, il faut éviter d’engager la discussion sur les choix tactiques ou de donner des consignes pendant la compétition ; les enfants les perçoivent comme une forme de critique négative et cela induit beaucoup de confusion et de stress dans leur esprit.7,8

Les enfants n’apprécient pas que vous interfériez avec l’entraînement, par exemple en venant 30 minutes avant la fin et en leur parlant du dîner que vous allez préparer. Ils n’aiment pas non plus vous voir solliciter longtemps l’attention de leur entraîneur.3

Les enfants détectent facilement les incohérences entre le message que vous envoyez et celui qui se cache entre les lignes. Même pendant le match, ils n’entendent pas seulement ce que vous dites mais ils détectent également les changements subtils dans votre communication non verbale. Crier « Allez les chercher, vous jouez bien », ne les aidera pas lorsque le ton de votre voix sonne davantage comme du désespoir. Ils n’aiment pas les comportements incohérents.4,9

Dites la vérité et tenez-vous-en aux faits. Quels sont-ils ? Qu’avez-vous vu dans la performance de votre enfant aujourd’hui ? Une action efficace ou un choix tactique audacieux lorsque le score a été serré ? Un esprit fair-play ? Utiliser des encouragements généraux comme « bien joué » s’est avéré être une forme d’éloge contre-productive qui a un impact négatif sur la motivation.10 Vous devez être précis dans vos paroles pour être efficace.8

Comportements parentaux qui facilitent la pratique sportive des enfants

Le fait que les enfants n’aiment pas recevoir de conseils techniques et tactiques de la part de leurs parents n’exclut pas le fait qu’ils ont besoin de se sentir soutenus, mais d’une autre manière. Les enfants réagissent positivement lorsque les parents font preuve de « bon sens », que leurs réflexions se font entre quatre yeux et sans rapport avec le sport. Par exemple : « Tu devrais déjeuner dans 30 minutes ». 9

Pendant les premières années de leur pratique sportive (et parfois au-delà), le soutien des parents se traduit par la gestion logistique (par exemple, conduire l’enfant à son entraînement) et informationnelle (par exemple, l’informer de l’heure à laquelle vous devez quitter la maison pour la compétition). 13

Lorsqu’ils participent à des entraînements ou à des compétitions, les enfants préfèrent une approche calme et attentive de leurs parents. Qu’est-ce que cela signifie plus précisément ? Qu’à l’entraînement, ils veulent que vous prêtiez attention à l’action, que vous restiez tranquillement assis et si possible, hors de leur vue, afin qu’ils ne soient pas distraits.12

Cependant, dans les compétitions, il est plus difficile de rester simplement assis. Ainsi, lorsqu’il s’agit d’encourager, ils préfèrent les parents qui saluent les efforts et pas seulement la performance. Si le mot « effort » vous semble trop abstrait, vous devez vous concentrer sur les comportements et les actions efficaces qui mènent au résultat souhaité. Par exemple : la combativité jusqu’à la fin du match, peu importe le score, le fait de s’engager à 100% dans les actions, la volonté d’appliquer la stratégie du coach, etc.11

Tout en les encourageant lors d’une compétition, ils aiment aussi vous voir faire preuve de fair-play et encourager également leurs coéquipiers.

La manière dont vous allez apprécier ou non d’assister à la compétition de votre enfant va avoir un impact considérable sur son rapport à la compétition. Alors pourquoi ne pas essayer de vous faire de nouvelles connaissances la prochaine fois que vous y allez ?4

Il ne s’agit pas d’une liste exhaustive des comportements qui entravent ou facilitent la pratique sportive. Vous pouvez identifier vos propres comportements et les partager avec nous!

La philosophie Happy Champions en pratique :

  1. La prochaine fois que vous irez voir votre enfant, utilisez des éloges spécifiques envers ses efforts et ses attitudes ! (Par exemple : « J’ai beaucoup aimé à quel point tu t’es battu pour récupérer le ballon dans les dernières minutes de la première mi-temps ».)
  2. Lorsque vous souhaitez discuter avec l’entraîneur, planifiez-le avant ou après l’entraînement afin de ne pas l’interrompre durant la séance.
  3. Agissez comme un parent, pas comme un entraîneur !

Nous savons que tous les enfants ne sont pas à l’aise quand il s’agit de dire les choses à leurs parents. Voici un lien vers une vidéo où plusieurs enfants s’expriment publiquement sur leurs attentes (en anglais):

https://www.youtube.com/watch?v=48FmBSYhjD8u0026ab_channel=Arsenal
Références

1. Côté, J. (1999). The influence of the family in the development of talent in sport. The sport psychologist, 13(4), 395-417.

2. Harwood, C. G., & Knight, C. J. (2015). Parenting in youth sport: A position paper on parenting expertise. Psychology of sport and exercise, 16, 24-35.

3.Fredricks, J. A., & Eccles, J. S. (2004). Parental influences on youth involvement in sports.

4. Knight, C. J., & Holt, N. L. (2014). Parenting in youth tennis: Understanding and enhancing children’s experiences. Psychology of Sport and exercise, 15(2), 155-164.

5. Children put off sport by parents, according to MCC survey. British Broadcast Corporation. 16th April, 2015. Accessed 25 aug 2021.

6. Omli, J., LaVoi, N. M., & Wiese-Bjornstal, D. M. (2008). Towards an understanding of parent spectator behavior at youth sport events. The Journal of Youth Sports3(2), 30-33.

7. Kidman L, McKenzie A, McKenzie B. The nature of target of parents’ comments during youth sport competitions. Journal of sport behavior.1999; 22(1): 54.

8. Elliott, S. K., & Drummond, M. J. N. (2017). During play, the break, and the drive home: The meaning of parental verbal behaviour in youth sport. Leisure Studies, 36(5), 645-656.

9. Knight, C. J., Boden, C. M., & Holt, N. L. (2010). Junior tennis players’ preferences for parental behaviors. Journal of applied sport psychology, 22(4), 377-391.

10. Henderlong, J., & Lepper, M. R. (2002). The effects of praise on children’s intrinsic motivation: A review and synthesis. Psychological bulletin, 128(5), 774.

11. Knight, C. J., Neely, K. C., & Holt, N. L. (2011). Parental behaviors in team sports: How do female athletes want parents to behave?. Journal of applied sport psychology, 23(1), 76-92.

12. Omli, J., & Wiese-Bjornstal, D. M. (2011). Kids speak: Preferred parental behavior at youth sport events. Research quarterly for exercise and sport, 82(4), 702-711.

13. Wolfenden, L. E., & Holt, N. L. (2005). Talent development in elite junior tennis: Perceptions of players, parents, and coaches. Journal of applied sport psychology, 17(2), 108-126.